A tout de suite
Un film de Benoît Jacquot
Avec Isild le Besco, Nicolas Duvauchelle, Ouassini Embarek,
Emmanuelle Bercot, Laurence Cordier.
Benoît Jacquot est un cinéaste à part du cinéma français.
Discret, il est pourtant là depuis le milieu des années 70 avec ses films
personnels, discrets.
Plus sur le devant de la scène depuis Sade et Adolphe ces
dernières années, il revient cette fois avec une œuvre filmée à l’arrachée, en
DV, drapée d’un noir et blanc splendide et parsemée d’images d’archives qui
nous plongent plus loin dans l’histoire…
A tout de suite, c’est l’histoire d’une jeune fille
amoureuse d’un truand, ce qu’elle ne sait pas jusqu’à ce qu’il commette un hold
up qui tourne mal. Elle va alors fuir avec lui et son collègue de braquage et
sa petite amie, ils vont voyager, passer d’un endroit à un autre jusqu’à ce
qu’ils se séparent, là devant l’aéroport d’Athènes.
A tout de Suite est magnifié par la
performance d’Isild le Besco et Ouassini Embarek, véritable couple charnel.
Isild Le Besco, à la beauté diaphane et au caractère fragile apporte à son
personnage beaucoup de détresse, face à ce qui lui arrive elle improvise, se
laisse emporter par son amour, par la sympathie des gens ou les rencontres plus
hasardeuses.
Ouassini Embarek, jusqu’à présent plutôt cantonné à des
rôles de « beur de service », trouve ici le moyen d’exprimer son
grand talent, cette force animale qui sommeille dans son regard et sa voix.
Nicolas Duvauchelle tient un rôle plus discret mais non
dénué de force également.
Côté réalisation, Benoît Jacquot réalise sans doute l’un de
ses meilleurs films, se servant d’images d’archives et d’un noir et blanc
magnifique pour nous entraîner dans les années 70, aux côtés des fugitifs, dans
les rues de Paris, dans cet appartement aux longs couloirs où erre Lili et son
amoureux.
Film sur l’errance de la jeunesse, la passion et l’amour, A
tout de Suite, qui sera sans doute projeté trop brièvement dans les salles, est
à ne pas manquer.
Pour l’histoire et son histoire, pour Isild et Ouassini,
pour son noir et blanc et cette passion qui émane longtemps après le générique…
Arnaud Meunier
17/12/2004